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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/93

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LA FEMME DU DOCTEUR

partie de la maison avec la détermination de ne pas penser davantage à Isabel, qui en réalité n’était qu’une créature frivole et sentimentale, éminemment faite pour rendre un homme malheureux ; mais d’une façon ou d’une autre, avant d’avoir fini son cigare, George avait dit à son vieil ami et confident tout ce qu’il savait de la famille Sleaford, mentionnant légèrement les qualités séduisantes d’Isabel et parlant d’une visite à Conventford comme d’une corvée désagréable imposée par l’amitié.

— Naturellement, je ne songerais pas à faire un aussi long trajet rien que pour voir Mlle Sleaford, — dit-il, — bien que Sigismund me demande de le faire ; mais il faut que j’aille à Conventford dans le courant de la semaine pour m’informer de ces médicaments que Johnson doit me fournir. Ils ne feront pas un bien gros paquet, et je pourrai les rapporter dans la poche de ma redingote. Vous pourrez mettre en état le harnais de Brown Molly, Jeff ; elle aura meilleur air. J’irai jeudi, et cependant peut-être vaudrait-il mieux que j’y allasse demain.

— Demain c’est jour de marché, Master George. Je pensais à aller moi-même à Conventford. Je pourrais rapporter les médicaments et vous pourriez écrire un mot pour demander des nouvelles de la jeune personne, — fit remarquer Jeffson d’un air pensif.

George hocha la tête :

— Cela ne ferait pas l’affaire, Jeff, — dit-il, — Sigismund me prie de la voir.

Jeffson retomba dans un silence pensif dont il sortit quelques instants après en riant à la sourdine.

— Je gage que Mlle Sleaford est jolie, — dit-il, en regardant finement son jeune maître.