Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LA FEMME DU DOCTEUR.

Gilbert s’arrêta sur la place, assez tranquille en ce moment, bien qu’elle soit un lieu de tumulte les jours de foire ; il s’arrêta et commença à se demander ce qu’il allait faire. Irait-il d’abord chez le pharmacien, place du Marché, pour y prendre ses médicaments, puis de là chez M. Raymond qui habitait à l’autre extrémité de la ville ou plutôt à l’entrée de la campagne, au delà de la ville ; ou bien, d’abord chez M. Raymond en prenant par les ruelles tranquilles, libres du tumulte et du tracas des gens du marché ? Il conviendrait peut-être d’aller d’abord chez le pharmacien ; oui, mais il n’y aurait rien de bien agréable d’avoir des médicaments dans sa poche et de sentir la camomille et la rhubarbe en se présentant devant Mlle Sleaford. Après une longue délibération, George se décida à se rendre par les chemins détournés chez M. Raymond ; puis, tandis qu’il parcourait les ruelles et les sentiers, il commença à se dire que M. Raymond s’étonnerait de sa visite et trouverait sans doute étrange et même inconvenant l’intérêt qu’il prenait à la gouvernante. Par une transition naturelle, il en vint à se demander s’il ne conviendrait pas de renoncer à l’idée de voir Mlle Sleaford et de s’en tenir à l’achat des médicaments. Pendant qu’il débattait cette question, Brown Molly l’amena à l’extrémité du chemin où se trouvait la maison de M. Raymond, sur une petite éminence d’où l’on découvrait une grande étendue de prairies vertes, un tronçon de chemin de fer, et une grande route poudreuse, parsemée de groupes d’arbres rabougris. La campagne, de ce côté-là de Conventford, était vide et nue, comparée à la charmante partie pareille à un parc que j’appelle le Midland d’Élisabeth.