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LA TRACE

maintenant procéder à l’interrogatoire des témoins. »

Il y eut une suspension et un peu de tumulte dans la salle ; les vagues de la mer humaine furent agitées un instant. Les parieurs du côté favori, coupable et galères, comprirent qu’ils avaient gagné une manche. Durant cette interruption, un homme se fraya un chemin au milieu de la foule, se dirigea vers l’endroit où était assis l’avocat de l’accusé, et mit dans sa main une petite bande de papier sale, sur laquelle était écrit un seul mot, un mot de trois lettres. L’avocat le lut, et déchira le papier en atomes aussi exigus qu’il lui fut possible de le faire, et jeta les fragments à ses pieds sur le parquet ; mais une vive rougeur monta à son visage et il se prépara à suivre les témoignages.

Richard Marwood, qui connaissait la force des preuves accumulées contre lui et son impuissance à les réfuter, en avait écouté la récapitulation de l’air préoccupé d’un homme étranger au procès qui s’instruisait à cette heure : sa contenance distraite avait été remarquée par les spectateurs, et avait fait le sujet de nombreux commentaires.

Chose étrange, mais en ce moment capital de la crise, son attention paraissait principalement attirée par Joseph Peters, car il tint les yeux uniquement fixés sur le coin où se trouvait cet individu. Les yeux de la foule, suivant la direction de ceux de Ri-