Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
LA TRACE

M. Peters déposa sa jeune et belle compagne, avec le baby dans ses bras, à la porte des jardins, après lui avoir donné ses indications pour commander deux thés et choisir un berceau, et se dirigea vers le village de Halford pour expédier ses affaires de service.

La commande des thés et le choix d’une tonnelle fut un travail agréable pour la belle Kuppins ; elle choisit une retraite rustique, recouverte comme d’un épais rideau vert par des tiges luxuriantes de houblon. Il fallait voir Kuppins s’escrimer avec les perce-oreilles et les araignées dans leur rustique demeure, et dérouter, en définitive, ces insectes des nids de leurs parents. M. Peters revint du village au bout d’une heure environ, suant et couvert de poussière, mais tout triomphant de l’issue de l’affaire pour laquelle il y était allé, et avec une soif démesurée de thé à neuf pence par tête. Je ne sais si la Rose des Buissons se trouvait sur les deux thés à neuf pence, mais je sais que le beurre, le pain et le cresson disparurent devant l’agent et sa belle compagne comme par magie. Il était plaisant d’observer l’enfant trouvé durant cette fête champêtre. Il avait été élevé au biberon, ou pour mieux dire à la cuiller, et avait été nourri de toute espèce de comestibles, depuis la bouillie farineuse, jusqu’aux beefsteaks, oignons, laitances de harengs saurs, sans parler des sucres d’orge, des