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LA TRACE

La voiture de M. Vorkins avançait rapidement vers le soleil couchant, quand M. Peters se rangea et s’arrêta irrésolu entre deux routes. Ces deux routes se rencontraient en un point un peu plus éloigné, et les amateurs des promenades du dimanche qui traversaient la bruyère, prenaient qui l’une, qui l’autre ; mais celle de gauche était la moins fréquentée, étant la plus étroite et la plus montueuse, et ce fut celle-là que prit M. Peters, avançant toujours vers la ligne noire derrière laquelle le soleil rouge se couchait. Les champs stériles de la bruyère étaient tout étincelants de l’éclat de l’ardente lueur cramoisie ; une alouette égarée et un rossignol hâtif faisaient un duo, que semblaient écouter les Cigales, suspendant leurs craquettements. Une grenouille d’une disposition apparemment peureuse soutenait un croassement timide dans un fossé sur le bord de la route, et à part ces voix on n’entendait aucun bruit sous le ciel. Le paysage paisible et le calme de la soirée en produisant une bénigne influence sur Kuppins, éveillèrent le sentiment du sommeil dans le sein de cette jeune fille.

« Mon Dieu, M. Peters, dit-elle, il est pénible de penser que dans un endroit comme celui-ci, les gens de votre profession puissent être nécessaires ; je crois que si jamais j’étais poussée à voler et à assassiner quelqu’un, ce qui, je l’espère, ne m’ar-