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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/26

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LA TRACE

on apercevait déjà les fenêtres éclairées, qui, comme des phares, perçaient l’obscurité.

Il s’avançait, à travers l’eau et la boue, d’un pas fatigué et alourdi.

N’importe ; c’est le pas que sa mère attend depuis sept longues années ; c’est le pas qu’elle a cru entendre si souvent fouler le sable du jardin. Mais c’est bien réellement lui, maintenant. Revient-il pour le bien ou pour le mal ? Qui pourrait le dire ?

Un quart d’heure plus tard, le voyageur a pénétré dans le petit jardin de la maison du Moulin Noir. Il n’a pas le courage de frapper à la porte ; elle pourrait lui être ouverte par un étranger ; il pourrait apprendre quelque chose qu’il n’ose pas se dire à lui-même, quelque chose qui le ferait tomber roide mort sur le seuil.

Il voit de la lumière dans le petit salon ; il approche, et il entend la voix de sa mère.

Il y a bien longtemps qu’il n’a prié, mais il tombe à genoux devant la porte-fenêtre qui ouvre sur le jardin, et rend grâce au ciel.

Que va-t-il faire ? Que peut-il espérer de cette mère qu’il a si cruellement abandonnée ?

En ce moment M. Harding ouvre la fenêtre pour regarder dans la nuit obscure, et le jeune homme tombe épuisé au milieu du salon.

Laissons tomber le rideau sur l’agitation et l’étonnement de cette scène. La joie de la mère est trop