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LA TRACE

lèvent, et contemplent Valérie pendant deux ou trois secondes.

« Votre amie est la reine de pique, dit-il, en se tournant vers Raymond.

— Décidément, reprend-il, comme les fades beautés de carreau disparaissent, devant cette admirable merveille du sud. »

Valérie ne daigne pas entendre le compliment, qu’elle eût en tout autre moment considéré comme une insulte ; elle est absorbée et observe les groupes de cartes sur lesquels les besicles bleues sont penchées avec une si grande attention.

M. Blurosset semble occupé à opérer quelques combinaisons mystérieuses avec ces groupes de cartes, et celles qu’il a dans la main ; les lunettes vont du groupe trois au groupe neuf, du groupe sept au groupe cinq, et puis reviennent et recommencent à aller de cinq à neuf, de trois à sept, de cinq à trois, de sept à neuf, bientôt il dit :

« Le roi de pique se trouve partout ici. »

Il ne lève pas les yeux en parlant, les lunettes ne quittant pas les cartes. Sa façon de parler est si dépourvue d’animation et si mécanique, qu’on dirait un automate calculateur.

« Le roi de pique, dit Raymond, est un beau jeune homme brun.

— Oui, dit Blurosset, il est partout à côté de la dame de pique. »