Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
DU SERPENT.

demi-heure, il se promène tranquillement sur le trottoir de la gare. Sa belle figure, son accoutrement assez déguenillé attirent l’attention des voyageurs. Il enfonce ses mains dans ses poches et son chapeau encore tout trempé de la veille est rabattu sur ses yeux, car il ne veut être reconnu de personne, du moins jusqu’à ce que sa position soit meilleure, et quand un individu qu’il a intimement connu autrefois semble le reconnaître et s’approche pour lui parler, Richard lui tourne brusquement les talons et traverse la voie pour gagner l’autre côté du chemin.

S’il avait pu songer qu’un incident si peu important en apparence dût avoir une terrible influence sur sa vie, assurément il aurait cru qu’une destinée cruelle lui était inévitablement réservée.

Il entre au buffet, prend une tasse de café, change un souverain en payant son billet, il achète un journal, puis il va s’asseoir dans un wagon de seconde classe, et quelques minutes plus tard le train quitte Slopperton.

Il n’y a qu’une seule personne dans le compartiment, c’est un commis voyageur, et Richard et lui fument leurs pipes en se défiant des employés des stations auxquelles ils s’arrêtent. C’est la première fois que Dick le Diable ne nargue pas une autorité. Il avait nargué tout Bow Street, joué des tours pendables aux agents de Malborough Street, et tenu