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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/63

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DU SERPENT.

vraiment un hasard ; je ne puis être à vos ordres nuit et jour.

— Je ne vous demande pas d’être à mes ordres ; vous ne m’avez pas habituée à tant d’égards pour que j’attende cela de vous, Jabez. »

L’homme tressaillit et tourna la tête comme s’il s’attendait à trouver tout Slopperton sur son dos ; mais il ne passait absolument personne.

« Il est inutile de vous montrer si prodigue de mon nom, dit-il, on pourrait vous entendre. Y a-t-il quelqu’un là-dedans ? demanda-t-il en indiquant la taverne.

— Non, il n’y a que le tavernier.

— Entrons alors, nous y serons mieux ; ce brouillard vous pénètre jusqu’aux os. »

Cependant il ne paraît pas avoir songé que la femme et l’enfant étaient exposés à ce brouillard depuis plus d’une heure, car il est en retard de cinq quarts d’heure au moins.

Il entre le premier dans la petite salle ; il ne s’y trouve pas de charbonniers pour le moment, et les cartes écornées sont rassemblées en un paquet sur une table gluante, au milieu de pipes cassées et de taches de bière. Cette table se trouve placée près de la fenêtre qui ouvre sur le chemin de halage, et c’est auprès de cette fenêtre que la femme s’assoit ; Jabez North, lui, a pris place de l’autre côté de la table.