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LA TRACE

bèrent de prime abord sur lui. Sa réapparition après tant d’années, coïncidant avec le retour de son oncle riche, son départ secret de la maison avant le lever de ses habitants, toutes les circonstances s’élevaient contre lui, et des agents police furent mis immédiatement sur pied au tourniquet des barrières des différentes routes qui débouchaient de Slopperton, et à la station du chemin de fer d’où il était parti pour Gardenford par le premier train.

Au bout d’une heure on découvrit qu’un homme répondant au signalement de Richard avait été vu à la station ; une demi-heure après vint un individu qui déposa qu’il connaissait bien Richard, qu’il l’avait vu dans la gare, et que celui-ci avait évidemment cherché à l’éviter. L’employé du chemin de fer se souvenait d’avoir donné un billet à un beau jeune homme, au costume en désordre, ayant une pipe à la bouche, et la lèvre ornée d’une moustache noire. Pauvre Richard ! la pipe et la moustache noire le dévoilaient en chaque endroit. « Pipe, moustache noire, costume en désordre, taille élevée, visage beau. » L’employé qui jouait sur le clavier du télégraphe électrique, comme d’autres personnes jouent sur le piano, eut bientôt envoyé la ligne à mots brisés à la station de Gardenford : de la station de Gardenford elle fut transmise dans moins de cinq minutes à la police de cette ville,