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LE SECRET

dit-il après un instant. Garçon, du pain et du lait, et une pinte de vin du Rhin. »

Master Talboys fit la grimace.

« Je ne mange jamais de pain avec du lait, dit-il ; je n’aime pas cela ; je préfère ce que grand-papa appelle quelque chose de savoureux. J’aimerais mieux une côtelette de veau. Grand-papa m’a raconté qu’il avait dîné ici une fois, et que les côtelettes de veau étaient délicieuses, grand-papa l’a dit. Faites-moi donner une côtelette de veau, s’il vous plaît, avec des œufs et du pain rond, et un peu de jus de citron, vous savez ? ajouta-t-il au garçon. Grand-papa connaît le cuisinier d’ici. Le cuisinier ressemble à un beau gentleman, et il m’a donné une fois un shilling, quand grand-papa m’a amené ici. Le cuisinier porte de plus beaux habits que grand-papa… plus beaux même que les vôtres, » dit master Georgey, indiquant du doigt le grossier paletot de Robert avec un signe de dédain.

Robert Audley resta pétrifié. Comment devait-il agir avec cet épicurien âgé de cinq ans, qui refusait du pain avec du lait et demandait des côtelettes de veau ?

« Je vous dirai quelle est mon intention pour vous, petit Georgey, s’écria-t-il au bout d’un instant. Je veux vous faire servir à dîner. »

Le garçon fit un signe joyeux d’assentiment.

« Sur ma parole, monsieur, dit-il d’un air d’approbation, je crois que le petit gentleman saura le manger.

— Je veux vous donner à dîner, Georgey, répéta Robert : une petite julienne, de l’anguille à l’étuvée, un plat de côtelettes, un oiseau rôti et un pudding. Que dites-vous de cela, Georgey ?

— Je ne pense pas que le jeune gentleman s’oppose à ce menu lorsqu’il le verra, monsieur, dit le garçon : anguille, julienne, côtelettes, oiseau, pudding. Je vais