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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/130

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LES OISEAUX DE PROIE

mon cher, fait un total de dix-huit mille cinq cents livres (18,500 livres), et c’est un joli denier à recueillir, juste au moment où les affaires étaient en aussi mauvais état qu’elles pouvaient être.

— Certainement, répondit Sheldon l’aîné, qui ne paraissait nullement satisfait de voir ainsi énumérer la fortune de sa future femme ; sans doute, je dois me considérer comme ayant de la chance.

— C’est ce que ne manqueront pas de dire les habitants de Barlingford, lorsqu’ils apprendront la chose, reprit George ; j’espère aussi que vous n’oublierez pas la promesse que vous m’avez faite.

— Quelle promesse ?

— Mais que si jamais une bonne fortune vous arrivait, j’en aurais ma part. Eh bien ! Philippe ? »

Sheldon se prit le menton et se mit à considérer le feu en réfléchissant.

« Si ma femme laisse à ma disposition quelque partie de son argent, vous pouvez compter que je ferai pour vous ce que je pourrai, dit-il après un moment.

— Ne dites pas cela, Philippe, répliqua George, lorsqu’un homme dit qu’il fera ce qu’il pourra, c’est un signe certain qu’il a l’intention de ne rien faire. Avec des si et des mais, voyez-vous, l’amitié fraternelle n’est qu’un mot. Si votre femme laisse quelque argent à votre disposition !… s’écria l’avocat en s’efforçant de rire. C’est une plaisanterie par trop forte ! Voudriez-vous me faire croire que la pauvre petite conservera l’administration de sa fortune lorsqu’elle sera votre femme, et aussi que vous souffrirez que ses amis prennent avant le mariage des dispositions en conséquence ? Allons donc, Philippe, vous n’êtes pas assez niais pour avoir si mal dressé vos plans.