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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/148

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LES OISEAUX DE PROIE

la musique pour maman, M. Sheldon est cependant très-respectable et ce que je dis est sans doute très-mal. Diana, je crois que je l’aimerais mieux s’il ne l’était pas tant. J’ai aperçu une fois votre père, un jour où il est venu vous voir, et il m’a semblé mieux que mon beau-père. Mais je ne suis qu’une enfant, Diana, et je pense souvent ce que je ne devrais pas penser. »

Près d’une année s’était écoulée depuis le retour de Diana ; pendant ce temps sa vie avait été très-monotone. Elle avait usé avec courage les abrégés et autres précis à l’usage de la jeunesse ; en tout elle avait été un modèle. Elle avait cousu, pendant cette période, un nombre de lacets et de boutons tellement formidable qu’une mère seule peut s’en faire une idée ; toutefois son existence n’avait pas été aussi dépourvue d’agréments ni aussi triste que des romanciers mélancoliques pourraient la représenter. S’il n’y avait pas beaucoup de variété dans sa bienheureuse pension il y avait beaucoup de vie et de mouvement.

Cette existence, malgré ses petits ennuis, eût pu être considérée comme un paradis en comparaison de celle que Diana avait menée avec son père et Valentin. Mais personne ne lui demanda jamais si elle préférait à la vie de bohème qu’elle venait de quitter la dignité de celle de la pension. De temps à autre, au milieu de ses occupations, elle avait des accès de désespoir ; elle devenait rêveuse et négligeait ses élèves.

Il y avait des moments où, au milieu de cette Babel criarde, Diana, croyant entendre le vent de l’été soupirant dans les bois de pins de Spa, se figurait être encore dans ce temple classique sur les murs duquel Va-