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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/16

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LES OISEAUX DE PROIE

« Et j’ai dîné avec les Halliday… Georgy est aussi jolie que jamais, et tous vont très-bien.

— Ont-ils des enfants, monsieur ?

— Une fille, répondit Sheldon avec indifférence ; elle est en pension à Scarborough, et je ne l’ai pas vue. J’ai passé une très-agréable journée avec les Halliday. Tom a vendu sa ferme. Cette partie du monde ne lui convient pas, à ce qu’il paraît ; elle est trop froide et trop humide pour lui. C’est un de ces hommes gros et gras qui sembleraient pouvoir vous renverser avec leur petit doigt et qui tremblent au premier zéphyr. Je ne pense pas qu’il fasse de vieux os, Nancy ; mais on ne peut là-dessus rien affirmer. Je pense qu’il ira bien encore une dizaine d’années ; je dirai même que je l’espère, dans l’intérêt de Georgy.

— Je ne sais cependant s’il a eu raison de vendre la ferme de Hiley, observa Nancy. J’ai entendu dire qu’elle avait les meilleures terres à quarante milles autour de Barlingford ; mais il l’a sans doute vendue très-cher.

— Oh ! oui, il l’a parfaitement bien vendue, à ce qu’il m’a dit. Vous savez que lorsqu’un campagnard du Nord trouve l’occasion de gagner de l’argent, il ne la laisse jamais passer. »

Nancy reçut ce compliment décoché à ses concitoyens avec un sourire approbatif et Shelton continua. Il ne cessait de se regarder dans la glace et arrangeait ses favoris, de l’air d’un homme très-absorbé.

« Maintenant, comme Tom est né pour être fermier et rien que fermier, il faut qu’il trouve une autre terre sous un ciel qui lui sera plus clément. Ses amis lui ont conseillé le Devon ou les Cornouailles. Dans ces régions fortunées il pourrait faire pousser des myrtes et des