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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/165

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LES OISEAUX DE PROIE

CHAPITRE IV

NOUVELLE EXISTENCE

Les vacances laissèrent quelque repos à Diana. Les petites filles étaient parties chez leurs parents, à l’exception de deux ou trois dont les familles habitaient les colonies et qu’on ne fit pas travailler. Diana n’eut plus autre chose à faire que de s’asseoir à l’ombre dans le jardin, pendant les chaudes après-midi ; elle passait ainsi de longues heures à lire ou à réfléchir. Priscilla, avec ses principales sous-maîtresses, s’en était allée se reposer et se distraire aussi au bord de la mer. Les autres sous-maîtresses étaient dans leurs familles, et sans la présence d’une vieille dame française, laquelle dormait la moitié du jour et passait l’autre à écrire à ses parents, Diana eût été la seule personne sérieuse, vivante dans cette maison abandonnée.

Elle ne se plaignait pas de sa solitude, elle n’enviait pas le sort de celles qui étaient parties. Elle se trouvait heureuse d’être seule et libre. Elle laissait ses souvenirs aller à l’aventure et elle se reportait le plus souvent aux jours difficiles qu’elle avait passés à courir le monde avec son père et Valentin. Les plus âgées, dans le petit nombre de jeunes filles qui étaient restées, jugeaient Mlle Paget insociable, par cette raison qu’elle préférait un coin isolé du jardin et la lecture d’un vieux bouquin au plaisir de leur société. Aussi, en se promenant dans le jardin, sous leurs grands chapeaux, se te-