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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/170

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LES OISEAUX DE PROIE

cette voix, avant qu’elle revît cette figure aimée ! Sa plus chère espérance, pendant ces vacances de l’été était de recevoir une lettre de lui, mais cette espérance même pouvait ne lui être qu’un nouveau sujet de déception et de chagrin. Elle luttait cependant, elle s’efforçait de chasser de sa mémoire ces visions du passé qui l’assaillaient jusque dans ses rêves. Elle échouait ; elle avait honte de sa folie, mais sa folie était toujours la plus forte.

Pendant trois semaines, Diana fut exclusivement dominée par ces tristes impressions. Au bout de ce temps la monotonie de sa vie fut interrompue par l’arrivée de deux lettres qui allaient la modifier singulièrement. Elle les trouva près de son assiette, sur la table du déjeuner, un matin de juillet. Elle ne s’était pas encore approchée de la table, qu’elle avait déjà distingué sur l’une des enveloppes un timbre étranger et reconnu sur l’adresse l’écriture de Valentin. Elle s’assit avec un gros battement de cœur. Elle brisa nerveusement l’enveloppe timbrée de l’étranger, pendant que l’institutrice française versait le thé et que le petit groupe d’écolières l’examinaient insolemment.

Cette première lettre contenait quelques lignes seulement.

« Ma chère Diana,

« Votre père est décidé à retourner à Londres, où je crois qu’il a vraiment l’intention de vivre d’une honnête façon, s’il peut y trouver des facilités et l’assistance dont il a besoin. Je ne doute pas que vous serez bien aise de l’apprendre. Je ne puis vous dire exactement où nous logerons, mais le capitaine ira certainement vous voir. Si je parviens à pouvoir m’habiller assez proprement