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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/174

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LES OISEAUX DE PROIE

l’une des sous-maîtresses ne manquerait certainement pas de venir assister à l’entrevue ; ce qui ferait que le vrai Valentin se trouverait remplacé par un brave jeune homme embarrassé et convenable qui n’aurait rien d’intéressant à lui dire. Peut-être cette pensée exerça-t-elle une grande influence sur la décision de Mlle Paget. Elle avait tant besoin de voir son Valentin, seul, tout seul, de savoir s’il avait changé, d’épier sa première émotion lorsqu’il l’aborderait, de trouver enfin, s’il était possible, le mot de cette énigme qui était toujours le grand mystère de sa vie : Valentin, oui ou non, l’aimait-il, et son apparente froideur exprimait-elle les vrais sentiments de son cœur ?

Dans l’après-midi, Mlle Halliday et Mme Sheldon vinrent faire la visite annoncée. L’avenir de Diana y fut longuement discuté. Georgy, qui s’abandonnait aussi complètement à l’influence de sa fille qu’à celle de son mari, en était venue à considérer comme la chose la plus agréable du monde d’avoir la compagnie de Mlle Paget.

« Est-ce que réellement vous pourrez faire mes chapeaux ? dit-elle lorsqu’elle se fut mise à l’aise avec Diana. Mlle Terly me fait payer si cher un simple bout de dentelle ! M. Sheldon est très-indulgent, mais cela n’empêche pas qu’il trouve quelquefois les mémoires exagérés. »

Diana, nous l’avons dit, était fort peu préoccupée de son avenir : il eût fallu d’ailleurs avoir le cœur bien ferme pour résister au chaleureux plaidoyer de Charlotte. Il fut convenu que Mlle Paget écrirait à sa parente pour lui communiquer l’offre qui lui était faite et pour lui demander si elle pouvait se passer de ses services à l’institution. Après que cette décision eut été arrêtée, Char-