Aller au contenu

Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
LES OISEAUX DE PROIE

servait de prétexte pour se présenter à La Pelouse. Il avait besoin d’argent pour ceci, pour cela, pour des riens vulgaires, mais ce besoin n’en était pas moins absolu : un amoureux sans argent est un pauvre être sans force, un chevalier errant sans son armure, un troubadour sans son luth.

Dans cette situation embarrassante, Haukehurst eut recours à la méthode simple que la civilisation a créée pour venir en aide aux difficultés pécuniaires. Il avait plusieurs fois rencontré George à La Pelouse ; ils étaient même devenus assez intimes, ce gentleman et lui. Il savait maintenant que ce gentleman était le Sheldon de Gray’s Inn, l’allié et l’agent de certains escompteurs. Il alla un matin voir George, et, après lui avoir demandé de ne pas faire connaître sa démarche au capitaine, il lui exposa sa requête. Il ne lui fallait que trente livres, pour lesquelles il était disposé à souscrire un billet à deux mois de date avec vingt-cinq pour cent d’intérêt.

L’avocat montra d’abord beaucoup d’hésitation, mais Valentin s’y était attendu ; il s’était préparé à un refus. Il fut agréablement surpris lorsque George lui dit i « qu’il verrait à arranger cette petite affaire, seulement qu’il aurait à souscrire un billet de quarante livres. » Puis, comme preuve de la libéralité dont on userait envers Haukehurst, le bienveillant avocat ajouta qu’au lieu de deux mois il lui serait accordé trois mois de délai pour le remboursement.

Valentin ne s’arrêta pas à considérer que par cet amical arrangement il aurait à payer plus de trente pour cent. Il savait qu’il n’avait pas d’autre moyen de se procurer de l’argent ; il ferma les yeux sur ce que la transaction avait d’onéreux et remercia Sheldon.

« Maintenant que nous avons réglé cette petite affaire,