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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/197

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LES OISEAUX DE PROIE

vingts livres par an et quatorze heures de travail par jour, des lettres, des réponses à chaque courrier : c’est un métier de chien ! Je ne pense pas que cela puisse vous convenir, Haukehurst. Vous n’y avez pas été dressé, vous devriez viser plus haut. Que penseriez-vous d’une affaire qui pourrait vous mettre deux ou trois cents livres dans la poche si elle réussissait ?

— Je serais très-disposé à la considérer comme un leurre, comme une de ces bulles de savon couleur de l’arc-en-ciel, si brillantes aux rayons du soleil et qui crèvent au moindre choc. Néanmoins, mon cher Sheldon, si vous avez réellement quelque emploi à offrir à un jeune homme qui n’est pas une bête et qui ne donne pas dans les préjugés vulgaires, vous feriez mieux de vous expliquer clairement.

— Je suis disposé à le faire, mais ce n’est pas une affaire qui puisse être discutée en cinq minutes. Il s’agit d’une chose sérieuse qui exige un assez long examen. Je sais que vous êtes homme du monde et ne manquez pas d’habileté ; mais aujourd’hui, c’est de la patience qu’il faut. Le lièvre est un bel animal dans son genre, vous savez ; mais l’homme qui veut arriver à la fortune en dehors des chemins battus, ne fait pas mal d’imiter un peu la tortue. J’ai travaillé, j’ai attendu, j’ai spéculé sur toutes sortes de choses pendant ces dernières années, et je pense que j’en ai enfin rencontré une bonne. Toutefois, il y a encore beaucoup à faire avant que l’œuvre soit accomplie, et je sens que j’ai besoin d’être secondé.

— De quelle sorte d’affaire s’agit-il ?

— Il s’agit de rechercher l’héritier légal d’un homme qui est mort intestat dans le cours des dix dernières années. »