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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/204

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LES OISEAUX DE PROIE

aux cheveux plats, avec une réputation d’homme riche et honnête pouvait faire des dupes à son aise. Il avait un fils Matthieu, qui, d’après ce que j’ai pu recueillir, paraît avoir été un assez mauvais sujet pendant sa jeunesse, et ne fut, à aucune époque, dans de bons termes avec son religieux papa. Ce Matthieu s’est marié à cinquante-trois ans, et est mort un an après son mariage, laissant lui-même un fils qui, par la suite, est devenu le révérend intestat. Avec celui-ci, d’après les informations que j’ai pu me procurer jusqu’à présent, s’est éteinte la race directe des Haygarth.

Ici l’avocat fit une pause, tourna deux ou trois papiers, puis il continua :

« Le dévot épicier Jonathan Haygarth eut de plus un autre enfant, une fille appelée Ruth, qui épousa un certain Peter Judson ; elle devint mère d’une filière de garçons et de filles, et c’est parmi les descendants de ces Judson que nous pourrions avoir à chercher notre héritier légal, à moins que nous ne le trouvions dans une branche plus rapprochée. À vous dire vrai, j’ai idée que c’est dans une branche plus rapprochée que nous le trouverons.

— Et sur quoi fondez-vous cette opinion ? demanda Valentin.

— Je vais vous dire. Matthieu Haygarth est connu comme ayant eu une conduite déréglée. J’ai obtenu sur lui un bon nombre d’informations par un pauvre vieux qui est dans un hospice à Ullerton et dont le grand-père était camarade d’école avec Matthieu. C’était un débauché qui vivait constamment à Londres, où il dépensait de l’argent, pendant que le respectable chanteur de psaumes en amassait à Ullerton. Il y avait sans cesse des disputes entre ces deux hommes et sur sa fin le vieux Jonathan