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LES OISEAUX DE PROIE

et je hais beaucoup de choses, dit-il, c’est un feu qui s’éteint… Comment va-t-on à Barlingford ?… On y est aussi gai que par le passé, je suppose ?

— Pas plus gai que lorsque nous l’avons quitté. Les choses ont mal tourné pour moi, à Londres, et au milieu de mes tracas j’ai été plus d’une fois tenté d’en finir avec un coup de rasoir ou avec quelques gouttes d’acide prussique ; et lorsque j’ai revu ces rues froides et tristes, ces noires maisons, la place du marché déserte, l’église Saint-Jean-Baptiste, avec ses pierres massives, et entendu le monotone ding-dong des cloches sonnant pour les prières du soir, je me suis demandé comment j’avais jamais pu vivre une semaine dans un pareil lieu. J’aimerais mieux balayer les rues à Londres que d’habiter la plus riche maison de Barlingford, ainsi que je l’ai dit à Halliday.

— Et Tom va venir à Londres, si j’ai bien compris votre lettre ?

— Oui ; il a vendu Hiley, il désire trouver un autre domaine dans l’ouest de l’Angleterre. Lui et Georgy vont venir passer quelques semaines à Londres, et je les ai engagés à loger ici. Je ferai aussi bien d’utiliser la maison de cette façon, car vraiment elle ne vaut pas cher au point de vue professionnel.

— Hum ! je ne comprends pas votre but.

— Je n’ai aucun but particulier. Tom est un bon garçon et sa société vaudra mieux que la solitude d’une maison vide. La visite ne me coûtera rien ; Halliday supportera sa part de la dépense.

— À la bonne heure, cela pourra avoir au moins un résultat, répliqua George, qui considérait que toute action de la vie humaine doit être calculée de manière à produire un résultat productif ; mais je crains que