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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/247

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LES OISEAUX DE PROIE

des Haygarth, ce ne sont que des commérages, de simples commérages. On aime tant à bavarder, vous savez, surtout les gens de la campagne ; vous avez remarqué cela, n’est-ce pas ? Oui, j’ai entendu dire beaucoup de choses au sujet de Matthieu Haygarth. Mon ancien clerc et sacristain, un homme très-remarquable, qui est mort âgé de quatre-vingt-onze ans et était encore, une année avant sa mort, en état de remplir très-convenablement ses fonctions… très-convenablement ; mais le rude hiver de 1856 l’a enlevé, pauvre homme, et maintenant, j’ai pris un jeune homme. Mon ancien clerc, dis-je, le vieux André Hone, c’est son nom, était employé dans cette maison depuis son jeune âge, et il aimait beaucoup à parler de Matthieu Haygarth, ainsi que de sa femme. C’était une femme riche, vous savez, très-riche même… la fille d’un brasseur d’Ullerton. Cette maison lui appartenait comme provenant de l’héritage de son père.

« Moi-même. — Et, avez-vous su de votre clerc si Matthieu Haygarth et sa femme vivaient en bonne intelligence ?

« Le recteur. — Très-bien ! oui, oui ; je n’ai jamais entendu dire le contraire. Ce n’était pas un jeune couple, vous savez, Rebecca Caulfied avait quarante ans et Matthieu Haygarth cinquante-trois lorsqu’ils se marièrent. Ainsi, vous voyez, on ne peut guère dire que ce fût un mariage d’amour. (Brusque invasion d’une jeune fille sautillante s’écriant : Papa !) Ne voyez-vous pas que je suis occupé, Sophie ? Pourquoi n’êtes-vous pas à vos leçons ? (Retraite soudaine de la jeune fille sautillante, suivie d’un concert de cris dans la chambre voisine, lequel se tait net, cinq minutes après). Comme vous voyez, Mme Haygarth n’était pas jeune,