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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

amplement, ainsi que l’explicit : Finit feliciter opus egregium susceptum ad laudem Dei pro fratrum Heremitarum divi Augustini de Observantiaj ussu et hospitio Reverendi Patris Andreæ Ples (Perles ?) vicarii generalis per Alemaniam fratrum Reformatorum Ordinis sancti Augustini, Consummatum atque perfectum solerti studio et diligentia operaque et impensis Fratrum Heremitarum Religionem praedictam in imperiali civitate Nurembergensi observantium anno salutis MCCCCLXXXXj. Pontifice Maximo Innocentio. Les Frères Hermites furent non seulement les éditeurs, mais aussi les auteurs, les correcteurs, les compagnons typographes, imprimeurs et « relieulx » qui exécutèrent cette œuvre remarquable. Nous disons « remarquable », car le vélin de ce Missel est encore d’une blancheur immaculée ; on dirait un ouvrage de luxe imprimé à l’aide d’une presse mécanique : le tirage, rouge et noir, est d’une régularité impeccable, ainsi que le registre ; le canon, exécuté sur peau de vélin, donne l’illusion d’un merveilleux manuscrit, illusion que contribuent à compléter deux miniatures d’une délicatesse et d’un réalisme extraordinaires ; enfin, la correction de cet incunable, un des plus précieux que nous ayons pu examiner, est d’une pureté que seuls peuvent expliquer la patience et l’érudition des moines, ainsi que le temps dont ils disposaient. De cette œuvre nos bons Frères Hermites pouvaient s’enorgueillir, malgré leur humilité ; il semble qu’ils n’y manquèrent point, car, l’explicit à peine terminé, ils ajoutent :

Quod opus hic cernis fratres fecere Heremitæ
Nurinberg quos alit urbs fertilis ingeniis
.

Plantin[1] était d’une famille pauvre, originaire de la Touraine[2]. Après avoir vécu et, sans doute, travaillé à Lyon, à Orléans, il étudia quelque peu à Paris, où peut-être il apprit le latin ; puis, il se rendit à Caen : il y fit son apprentissage dans l’art de la reliure et de la typographie et revint ensuite à Paris. Pour se perfectionner, il visita les principaux ateliers des villes les plus importantes.

Arrivé à Anvers en 1549, Plantin y exerça d’abord la profession

  1. Christophe Plantin, imprimeur anversois, par Max Rooses, conservateur du Musée Plantin-Moretus.
  2. Plantin serait né à Saint-Avertin, près Tours, en l’année 1514. Sa pierre tombale dit en effet : « Il vécut 75 ans et mourut le 1er juillet 1589. »