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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/116

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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

« Puis, sans entrer dans la discussion de ces critiques, souvent contradictoires, les correcteurs signalent à l’Académie les irrégularités de son Dictionnaire qui rendent le travail de la correction très pénible. Comment, disent-ils, se rappeler à point nommé que les mots assonance, consonnance, dissonance et résonnance doivent être écrits les uns par un seul n, les autres par le double n ? Pourquoi fève prend-il l’accent grave, et séve l’accent aigu ? Pourquoi sangloter s’écrit-il par un seul t, et ballotter par deux ? Souffler avec un double f, et boursoufler avec un seul ? — Pourquoi des différences dans la conjugaison des verbes en eler et en eter ? — Nous pourrions multiplier ces exemples ; mais nous croyons qu’ils suffisent pour démontrer que la pratique la plus longue et la mémoire la plus heureuse sont impuissantes à fixer dans l’esprit ces formes contradictoires. »

« En terminant, les correcteurs se contentent de former un vœu : C’est que, disent-ils à l’Académie, la nouvelle édition de votre Dictionnaire soit uniforme et conséquente dans toutes ses parties. » Enfin, ils expriment le désir que quelques-uns d’entre eux soient entendus par la Commission académique.

« Le 3 juillet, M. Bernier, président de la Société, recevait de M. Villemain, secrétaire perpétuel, une lettre des plus bienveillantes, et, le 10 du même mois, il était reçu par la Commission. Après un échange d’observations sur l’orthographe d’usage, M. Villemain, le prince A. de Broglie et M. Prévost-Paradol ont conclu en invitant M. Bernier « à faire dresser une liste des modifications que croira devoir proposer la Société des Correcteurs et à communiquer cette liste à la Commission ». Et le compte rendu ajoute : « Le vœu des correcteurs était si modéré, si manifestement raisonnable que l’Académie ne pouvait faire autrement que de l’accueillir, et l’on doit reconnaître qu’ils ont fait preuve ici de beaucoup de tact. »

Les correcteurs de 1868 firent certes alors « revivre les anciennes traditions » ; la nature du travail dont ils avaient assumé la tâche « comportait bien la correction dans son acception la plus large ».

On nous pardonnera de rappeler ici le souvenir d’un correcteur qui, à la même époque, honorait de son nom et les lettres et la typographie[1].

  1. D’après J. Saulnier (Circulaire des Protes, novembre 1909, n° 165 ; décembre 1922, n° 268, p. 207).