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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/131

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SON INSTRUCTION
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cation des divers outils et du matériel qu’on y emploie avec la façon de s’en servir, les différents formats de papier, etc. : c’était la partie théorique. Pour justifier de la science pratique, l’épreuve comportait la composition, la correction et la distribution d’une page, en présence des syndic, adjoints et suppôts, différentes impositions et autres opérations du métier. » — L’aspirant avait à se pourvoir directement auprès du recteur de l’Université du certificat qui constatait ses connaissances littéraires en latin et en grec.


C. — Conclusion


Apprentis et compagnons typographes avaient, au cours du xve et du xvie siècle, joui d’une liberté d’abord absolue, puis relative, au point de vue de l’instruction qu’ils devaient posséder lors de leur entrée dans la corporation ; au xviie et particulièrement au xviiie siècle, ils furent astreints sous ce rapport à une réglementation assez rigoureuse. — À cette dernière époque, soumis à un examen dont nous avons analysé sommairement les conditions, les maîtres durent faire la preuve des capacités techniques qu’ils avaient acquises pendant l’apprentissage et fortifiées durant le stage de compagnonnage auquel ils étaient obligés. Il y eut de nombreux privilégiés, le fait est certain, qui surent se soustraire, soit par des faveurs particulières, soit de toute autre manière, aux prescriptions du Pouvoir[1] ; pouvait-il en être autrement sous le régime du « bon plaisir », alors qu’en notre siècle d’égalité et de fraternité le favoritisme, grâce aux excès de maintes libertés, sévit avec peut-être non moins d’intensité ? Toutefois, à la lumière des faits que nous venons d’exposer on reconnaîtra volontiers, pensons-nous, que maîtres et compagnons possédaient à un haut degré les qualités précieuses de l’érudit et du typographe.

  1. Des plaintes nombreuses s’élevèrent d’ailleurs à toutes les époques contre l’incapacité de certains maîtres, contre leur défaut d’instruction. En mai 1618, dans les Remontrances adressées au roi, les marchands libraires et imprimeurs ne craignaient pas de dénoncer eux-mêmes ces multiples abus : « Aulcuns desquels libraires et imprimeurs sont tellement ignorants qu’ils ne savent pas seulement lire, n’ayant la connaissance requise de l’impression ni de la vente. » — Il faut consulter, sur ce sujet, les ouvrages de M. Louis Radiguer et de M. Paul Mellottée pour apprécier suffisamment les doléances que cette situation suscita de tout temps.