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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

d’assurer et de surveiller l’exécution des travaux en langue orientale, qui exigent des connaissances typographiques et linguistiques très sérieuses, il ajoutait : « … Parmi ces travailleurs modestes qui ont une compétence admirable et qui représentent la direction linguistique de l’atelier, voici, par exemple, un homme dont il faut faire applaudir le nom par les vrais travailleurs, M. Guérinot, qui a le titre de lecteur de l’Imprimerie Nationale. Il est docteur ès lettres, licencié ès sciences, docteur en médecine, spécialiste de l’indianisme, pouvant être chargé depuis longtemps dans un de nos grands établissements d’une chaire de sanscrit[1]. »

M. Louis Marin, on le voit, ne ménageait point les louanges : c’est un acte dont il y a lieu de se réjouir ; il ne craignit pas non plus, ce même jour — et il faut l’en féliciter — de faire entendre maintes critiques qui auront leur place dans une autre partie de cette étude[2].

Mais il aurait pu aussi rappeler utilement certain fait dont la Presse fit grand bruit un mois environ plus tôt. Le 8 octobre 1910, le journal le Gaulois publiait les lignes suivantes[3] :

L’Imprimerie Nationale va être, comme on le sait, prochainement rattachée au Ministère des Finances, où l’on suppose qu’un contrôle efficace viendra à bout des abus de toute nature qui se sont implantés dans la gestion de l’Établissement.

Certains faits sont invraisemblables de cocasserie.

Ainsi le Règlement exige que, chaque année, ait lieu un concours pour le recrutement des correcteurs. Or, depuis six ans le concours se borne à une convocation adressée à tel particulier déterminé, auquel on fait subir à huis clos un semblant d’examen pour justifier l’admission. C’est de cette façon que l’Imprimerie Nationale a augmenté son personnel d’un ouvrier chapelier, nommé correcteur « au concours ».

Au service des brevets du Conservatoire des Arts et Métiers sont détachés trois employés de l’Imprimerie Nationale. Voici en quels termes l’un d’eux tout récemment était présenté par un fonctionnaire de la maison à un personnage en visite : « J’ai l’honneur de vous présenter M. Z… entré ici pour faire son droit. »

Deux jours plus tard, Paris-Journal répondait par cet article :

À L’IMPRIMERIE NATIONALE
Lecteurs et Correcteurs

Il est admis que tout va de mal en pis dans les établissements de l’État.

  1. Journal officiel, 25 nov. 1910, p. 2941 (Circulaire des Protes, n° 179, janvier 1911).
  2. Voir page 520.
  3. Circulaire des Protes, n° 179, janvier 1911.