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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/201

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TENUE EXTÉRIEURE
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Ce type est une plaie matérielle, plaie que l’on supporte, bien malaisément sans doute, mais enfin que l’on tolère : le recrutement est difficile, les exigences financières des nouveaux sont… incroyables, et d’ailleurs l’habitude est prise de ses manies, de ses sautes d’humeur et de son attitude.

Ce correcteur n’est point un mythe : nous l’avons connu au printemps de notre existence ; de longues années nous avons vécu côte à côte avec lui : souvent il voulut bien guider nos pas chancelants et incertains sur le rude sentier que nous nous efforcions alors de gravir. Dieu nous pardonnera notre critique un peu acerbe : s’il fut parfois dur et redoutable, en même temps que risible aux autres, toujours ce collègue nous eut en amitié malgré notre attitude parfois frondeuse à son égard. La reconnaissance que nous lui devons nous a conseillé de rappeler ici son souvenir.


II. — Attitude envers les ouvriers.


A.-T. Breton, qui attribuait au correcteur un « amour-propre exagéré », écrivait encore : « Rien n’est si plaisant, en effet, que d’entendre les discussions parfois très sérieuses qui s’élèvent entre des typographes sur les choses les plus insignifiantes. En vain on m’objectera que tout est grave en typographie : je n’en dirai pas moins qu’il est aussi absurde que puéril d’attacher une si grande importance à des faits qui en ont parfois si peu, et qui ne sont, le plus souvent, que l’effet d’une inadvertance bien pardonnable. Jamais ouvrier typographe, quelque habile qu’il fût, n’a eu raison contre son maître [le correcteur]. Les choses les plus simples, omises avec l’intention d’y revenir, ou négligées avec discernement, sont pour lui des crimes de lèse art : ce qui fait qu’une réputation laborieusement acquise pourrait être perdue ou gravement compromise si l’on s’en rapportait au jugement de ces oracles de l’imprimerie[1]… »

Sans être trop acerbe, la critique est cependant un peu vive ; aussi bien cette prétendue supériorité dont le correcteur voudrait

  1. A.-T. Breton, Physiologie du Correcteur d’imprimerie, p. 42.