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« J’en suis marri, reprit-il, c’était une bonne femme ! » — L’éloge était précieux, certes, mais encore eût-il été plus apprécié s’il avait été prononcé au chevet de la malade.


B. — La discrétion du correcteur


Il est encore un autre sujet fort important dont on nous permettra de dire quelques mots.

Le célèbre Plantin s’établit imprimeur à Anvers en l’année 1555 : dans ses relations avec ses ouvriers à maintes reprises il éprouva des difficultés dont au cours de sa Correspondance on rencontre des échos nombreux. Plantin n’était pas cependant — il faut le croire, à connaître le nombre des typographes et des correcteurs qui lui furent fidèles de longues années — un maître exigeant ou sévère à l’excès ; mais il aimait l’ordre et la discipline, qualités que ne possédaient point parfois les compagnons d’alors.

Souvent le maître imprimeur anversois, travailleur ponctuel et infatigable, s’insurgea contre des prétentions ou tenta de réfréner des abus — aussi bien les « monopolles » ou les « tries » que la nonchalance, l’ivrognerie ou la malice des ouvriers — qui lui causaient un préjudice considérable. Les archives du Musée Plantin-Moretus renferment un certain nombre de règlements dont les prescriptions devaient, dans l’esprit du maître, éviter le retour de faits regrettables. À ces règlements qui, sans doute, sont parmi les documents les plus anciens[1], en même temps que les plus curieux et les plus intéressants que nous possédions de la vie typographique ouvrière aux temps passés, tout le personnel — apprentis, compagnons et correcteurs — devait se soumettre en entrant à l’imprimerie plantinienne.

Nous ne saurions examiner en détail les divers chapitres de ces règlements ; toutefois, il nous sera permis de rappeler ici les termes d’un certain article 14 de l’un d’entre eux[2] : « Personne ne pouvait

  1. L’édit de Villers-Cotterets, qui fut en France le premier acte du Pouvoir relatif à la vie ouvrière typographique, fut rendu le 31 août 1539.
  2. Ce document, dont la date peut être fixée en deçà de l’année 1565, est exposé au Musée ; il est rédigé en flamand et imprimé en caractères de civilité.