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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/229

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« le malheureux qui tente de tuer plusieurs fois son semblable » aura quelques troubles de l’esprit ; tout au moins, « c’est généralement l’explication que l’on peut donner de ces tentatives… inutiles ».

Cette énumération des défauts qui déparent parfois les meilleures œuvres est fort incomplète ; mais un cours même restreint de grammaire et de littérature serait hors de propos dans ce travail.

La conclusion qui s’impose, à la lecture de ces lignes, est la nécessité pour le correcteur de « connaître la langue dans laquelle l’ouvrage est composé ».

« Connaître » n’a pas ici le sens, qu’il exprime parfois, de « savoir superficiel » ; non, la connaissance de la langue que possédera le correcteur doit être complète, approfondie ; cette connaissance doit permettre de découvrir la moindre erreur, la moindre faute.

Aussi, quel que soit le sentiment qu’il ait de ses capacités littéraires ou scientifiques, le correcteur sait qu’il ne devra jamais se reposer sur ses lauriers d’autrefois. Les langues vivantes, de même que les individus, évoluent, se transforment, s’accroissent : un mot, rejeté aujourd’hui comme un néologisme par trop osé, presque comme un barbarisme, sera, demain, considéré tout au plus comme un terme populaire ; une expression, du meilleur style au xviie siècle, est au xxe siècle vieillotte et désuète. Il est indispensable que le correcteur lise, étudie, pour maintenir toujours complet son bagage littéraire. La lecture est, nous le verrons plus loin, un exercice auquel on doit attacher le plus grand prix et auquel il est indispensable de réserver chaque jour quelques moments de loisir.

II. Dans un autre ordre d’idées, on ne saurait supposer qu’un correcteur ignorant les éléments de la langue anglaise ou de la langue allemande puisse être chargé de la correction de textes de ces différentes langues. Ces choses arrivent pourtant ; mais, alors, combien déplorable le résultat, et quels risques de graves responsabilités n’encourt point l’imprimeur.

Un pédagogue a-t-il jamais songé à obliger ses élèves à des exercices élémentaires de versions ou de thèmes grecs et latins, avant de leur avoir inculqué les rudiments de ces langues ? Telle est parfois cependant la prétention de certains imprimeurs qui confient des