Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vérités indiscutables. La première concernait la nécessité de s’en référer à une règle unique, sous peine de tomber dans une arbitraire déplorable ; combien, en effet, n’avons-nous pas vu de publications, bien exécutées à tous les autres points de vue, déparées par l’absence d’uniformité orthographique ! La seconde exprimait une idée sur laquelle tout le monde depuis longtemps est d’accord, à savoir que la grande autorité qui régit notre langue est entachée d’anomalies et de lacunes. L’imprimerie, en la personne de ses représentants les plus sérieux et les plus recommandables, n’en suit pas moins la voie tracée par l’Académie française[1]. »

Par contre, si le mot est nouveau, si le terme est un de ces néologismes dont certaines sciences et les sports ont, ces derniers temps, appauvri la langue française, le correcteur fera appel à ses connaissances étymologiques, grecques ou latines : un lexique grec, un lexique latin s’imposent, dès lors, qu’il puisse consulter.

IV. Ainsi, on le conçoit, la mémoire, parfois sujette à des défaillances, ne peut donner satisfaction entière. Il faut lui adjoindre l’intelligence : posséder pleinement sa grammaire, en conserver avec soin les principes, en appliquer les préceptes et les règles avec intelligence, tel est le cycle dont le parcours est une obligation pour le correcteur et dont celui-ci ne peut rompre les entours sans dommages pour lui-même.

Pour nombre d’expressions, de termes, de tournures, l’orthographe en effet est, au premier chef, une question d’intelligence. « Pour orthographier nombre de mots, il est indispensable de saisir le sens de l’expression, de la phrase » ; il est facile de se rendre compte de cette vérité en écrivant les expressions suivantes :

une poignée d’herbe, une poignée de verges,
la page quatre-vingt, quatre-vingts francs,
mille-feuille, l’eau de mille-fleurs,
problème de mathématique, cours de mathématiques,
un jaune d’œuf, des jaunes d’œufs,
un hors-d’œuvre, des hors-d’œuvre.

Le correcteur doit dans ces circonstances, faire appel à l’observation, au raisonnement, afin « d’écrire correctement ».

  1. Daupeley-Gouverneur, Guide orthographique, p. 4 (1878).