Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une plus grande fatigue des yeux » et de l’esprit, car, ayant à gauche la copie qu’il suit du doigt, et à droite l’épreuve qu’il annote, il doit à chaque instant se reporter de l’une à l’autre pour opérer la collation du texte par membre de phrase.

La « lecture au pouce », nom sous lequel on désigne le mode de lecture qui précède, assure dans la reproduction du manuscrit la plus grande exactitude possible ; elle permet, en outre, de mieux comprendre les desiderata de l’auteur ; et, si le compositeur a cru bon de modifier tel ou tel détail, il est facile de s’en apercevoir et de remettre les choses au point, s’il y a lieu.

Le principal écueil à éviter pour le correcteur qui lit seul est la possibilité de laisser passer des bourdons ou des doublons, chose relativement aisée en raison de la répétition des mêmes mots dans des lignes ou dans des phrases qui se suivent, ou de la suppression accidentelle de mots non indispensables à la clarté du texte.

Un autre inconvénient de cette méthode est sa lenteur, sa trop longue durée de temps, inconvénient qui ne permet pas, dans les Maisons où le service de la correction a quelque importance, « de l’employer comme marche générale, mais seulement comme moyen d’exception ».

Aussi est-ce au second mode de lecture — avec un teneur de copie — que l’on a ordinairement recours, parce qu’il est plus expéditif et moins fatigant.

II. « Le teneur de copie est l’aide du correcteur en premières. »

a) On a confié parfois la tâche du teneur de copie à « un compositeur vieilli dans le métier, et qui ne trouve plus, par suite de l’affaiblissement de sa vue ou pour d’autres raisons, qu’un salaire insuffisant dans la composition ». Aujourd’hui il semble bien que cette coutume a été abandonnée presque partout par les maîtres imprimeurs comme trop onéreuse.

b) « Dans un grand nombre d’imprimeries, ce sont les apprentis qui « tiennent la copie » : cet emploi leur donne très vite l’habitude de déchiffrer les manuscrits.

c) À Paris et dans maints autres grands centres, particulièrement pour la correction des journaux où le travail doit être accompli avec une célérité prodigieuse, le correcteur, quelles que soient ses préfé-