Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/450

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emploi. Par ce temps d’informations ultra-rapides, de course aux nouvelles, un correcteur ne saurait accepter bénévolement et sans contrôle tout ce qu’un journaliste croit entendre au téléphone, tout ce qu’un sténographe relit sur sa copie, tout ce qu’une agence — fût-ce même l’Agence Havas — polygraphie sur ses dépêches, tout ce qu’un télégraphiste interprète des signes imprimés sur la bande qui se déroule.

La sténographie, on le sait, ne tient compte que des sons : elle néglige totalement l’orthographe ; bien plus même la méthode Prévost-Delaunay supprime les voyelles médianes, à l’exception des nasales, en sorte que nombre de mots de sens et d’orthographe différents sont représentés par un signe identique. La moindre défaillance, la moindre erreur du sténographe causent des non-sens, pour ne rien dire de plus, que le lecteur s’impatiente de rencontrer dans sa lecture.

Il y a quelques années — soit dans un but de rapidité, soit par raison d’économie — un journal allemand exigea de ses linotypistes la connaissance de la sténographie. Cette décision pouvait-elle simplifier la besogne du correcteur, qui, sans doute, devait, lui aussi, posséder la science de l’hiéroglyphe moderne ? Le fait est plutôt douteux : moins rapide, moins facile, sujette à plus d’embûches et de traquenards, telle aurait été la correction. Assez d’autres sujets sollicitent ou retiennent l’attention du correcteur, sans compliquer encore aussi étrangement la tâche qui lui incombe.

Le télégraphe n’est point exempt de ces erreurs de transcription : les signes représentatifs de certaines lettres ont de nombreuses ressemblances : un manque d’attention, une faute de transmission, un contact plus ou moins prolongé du manipulateur, et il n’en faut pas plus pour lire décédé ou dévoré là où le correspondant avait écrit décoré ; un personnage éminent est arrêté, alors qu’il est simplement arrivé.

Le téléphone, sans doute, supprime quelques-unes de ces causes d’erreurs, mais il possède les siennes propres : les erreurs d’audition ne sont pas moins nombreuses que les fautes de transmission ; la dictée est si rapide qu’à peine l’écriture peut suivre, et la sténographie s’impose avec son cortège propre d’erreurs.

En même temps que le correcteur corrige la composition au point