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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/464

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toujours de savants correcteurs et occupèrent quelque temps, en cette qualité, Michel Servet et, après lui, un nommé Louis Saurius[1]. »

L’œuvre des Frellon est remarquable « par les livres à figures maintes fois réédités, dont leurs relations avec Bâle leur avaient permis d’importer les beaux bois gravés, pour la plupart, d’après les dessins de Holbein. D’un autre côté, la correction du texte, la beauté et la netteté des caractères font honneur aux qualités professionnelles et aux mérites littéraires des deux frères et de leurs collaborateurs[2]. » Aussi ce n’est pas sans raison que ces imprimeurs-libraires pouvaient, en 1544, écrire sur une édition d’Aristote : Quod tibi, Lector, ex hac postrema editione locos restitutos habeas, nostra hæc si cum cæteris conferas, facile deprehendes. Nam præter verba mutilata et confusa, integras quoque lineas quæ in prioribus editionibus non habebantur, fideliter restituimus[3].

La sollicitude des compagnons pour une correction scrupuleuse des livres n’était pas moindre que celle des maîtres, avons-nous dit : on nous permettra de rappeler ici quelques faits typiques à cet égard.

Dans leurs Remontrances et Memoires pour les Compagnons imprimeurs de Paris et de Lyon : Opposans contre les libraires, maistres imprimeurs desdits lieux et adjoints (mémoire du 17 juin 1572), en réponse à l’édit de Gaillon de 1571, les compagnons sollicitent du roi qu’il prescrive aux maîtres imprimeurs de n’employer désormais qu’un nombre déterminé d’apprentis : car, faute de cette limitation, « dient de plus lesdictz compagnons qu’il adviendroit par telle licence que les maistres ne se serviroient que d’apprentifs » … Cette limitation s’impose encore à leur sens pour la raison suivante : « Joint que le public en recevrait un incroyable interest, à cause des livres corrompus et vitiez, chose pernicieuse en tous livres, meme à ceux de theologie… Et ce, par l’insuffisance et bestise des apprentifs. En sorte que au temps advenir par l’avarice insatiable desdits maistres se voulans servir d’apprentifs, le nom d’imprimerie serait descrié et perdu comme il est advenu en Italie et ailleurs. » Le motif parut sans doute valable, car, dans sa déclaration du 10 septembre 1572, Charles IX donna

  1. Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 5e série, p. 158.
  2. Id., Ibid., 5e série, p. 160.
  3. Id., Ibid., 5e série, p. 194.