Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/477

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et un article spécial, l’article 17, dont nous verrons ultérieurement les obligations, leur était consacré. ·

À l’encontre de l’affirmation patronale, on peut croire cependant que le mal n’était point exclusivement imputable aux apprentis, aux compagnons, non plus qu’aux correcteurs. Tout au contraire, multiples étaient les plaintes formulées contre nombre d’imprimeurs qui, suivant Érasme, aimaient mieux voir plus de six mille fautes dans un livre que de dépenser la somme nécessaire pour salarier un bon correcteur.

On ne saurait prétendre en effet qu’il employa un bon correcteur, salarié convenablement, ce Parisien dont parle Clément Marot, dans son Avertissement de l’Histoire de Leander et de Hero : « De Marot : A peine estoit la presente histoire hors de mes mains (lecteurs debonnaires) que ce ie ne scay quel auare libraire de Paris, qui la guettoyt au passage, la trouua, et lemporta tout ainsi qu’un Loup affamé emporte une Brebis : puis me la ua imprimer en bifferie du Palais, cest assavoir en belle apparence de papier et de lettre, mais les uers si corrompus, et le sens si dessiré que vous eussiez dict que cestoit ladicte Brebis eschappee dentre les dents du Loup : et, qui pis est, ceulx de Poytiers, trompez sur lexemplaire des aultres, men ont faict autant. Quant ie uy le fruict de mes labeurs ainsi accoustré, ie uous laisse a penser de quel cœur ie donnay au diable Monsieur le Babouyn de Parisien, car, a la uerite, il sembloit quil eust autant pris de peine a gaster mon liure, que moy a le bien traduire. Ce que uoyant, en passant par la noble uille de Lyon, ie priay maistre Sebastien Gryphius, excellent homme en lart de Imprimerie, d’y uouloir mectre la main ; ce qu’il ha faict, et le uous la imprime bien correct, et sur la coppie de Lautheur, lequel uous prie (pour uostre contentement et le sien), si auez enuie den lire, de uous arrester a ceulx cy. Dieu tout puissant soit touiours nostre garde[1]. »

On ne saurait affirmer non plus que ce fut un bon correcteur, salarié convenablement, ce personnage dont le libraire Jean Pillchotte parlait, en 1586, dans l’Avis de l’ouvrage Allumettes du feu divin[2] :

  1. Histoire de Leander et de Hero, mise de latin en français par Clément Marot ; Lyon, chez S. Gryphius ; 1541. — D’après Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 8e série, p. 149.
  2. Imprimé à Lyon, par Pierre Roussin (Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 2e série, p. 257).