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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/500

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Il a suffi de dire au correcteur de premières de soigner de très près la correction, pour qu’immédiatement il se croie obligé de « chercher la petite bête ». Par tous les procédés dont il s’est composé un monopole grotesque, il s’ingénie à cette tâche fastidieuse ; il s’y attache avec une hâte fiévreuse ; il s’y livre même avec une sorte de frénésie : une virgule insuffisamment apparente, une lettre mal venue à la presse, un accent dont la pointe semble défectueuse, une lézarde imaginaire, un chevauchement dû à un plissement de l’épreuve, tout et rien en un mot lui sont prétexte à renvois et à coquilles.

Est-ce là un travail irréprochable ? Est-ce là une correction parfaite ? Est-ce l’indice d’un bon correcteur ? On peut en douter.

Que vient, en réalité, de faire le correcteur ? Déprécier le travail du compositeur, humilier celui-ci et le ravaler au rang d’un apprenti. Le typographe ne s’y trompe point : il comprend que toutes ces « ridicules corrections » ne sont que mauvais prétexte à rehausser la valeur d’un esprit médiocre et à tromper un examinateur superficiel.

Le compositeur ne peut-il exprimer son mécontentement de pareils procédés ? De cordiales relations pourront-elles s’établir entre ces deux artisans, dont l’un, par intérêt purement personnel, peut commettre un tel acte de bassesse ? La réponse n’est point douteuse.

Ce n’est certes point sur de telles relations qu’il faut juger du plus ou moins de valeur du correcteur.

2° Il est encore un fait sur lequel nous ne saurions trop insister, car il est indéniable : l’influence qui se dégage des mauvais rapports entre artisans d’une même Maison est pernicieuse à tous égards, et particulièrement au sommet de l’échelle industrielle.

À ce point de vue, quelques considérations ne seront pas ici hors de propos sur un sujet particulier.

De très sérieuses qualités sont indispensables pour faire un prote ; dans un ordre d’idées voisin, on conviendra que des qualités non moins sérieuses sont nécessaires au correcteur, en outre de quelques connaissances spéciales. L’un et l’autre ont leurs attributions, leurs responsabilités, leurs soucis ; celui-là commande, celui-ci doit obéir. Mais jusqu’où va le pouvoir de l’un ? Où doit s’arrêter la soumission de