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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/510

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calculé comme il est d’usage de nos jours une sorte de série de prix existait, comprenant la composition, la correction, la mise en pages et l’imposition[1] (on assimilerait assez volontiers cette situation, avec quelques restrictions cependant, au travail en commandite) ; suivant le caractère, suivant le nombre des lignes et leur longueur, suivant le format[2] (in-folio, in-4o, in-8o), suivant le texte (français, latin ou grec) la feuille était tarifée un prix déterminé[3]. Lorsque le compagnon assumait le travail du cassier et du metteur, grâce à sa rémunération

  1. « Jusques à présent on a payé en France aux compositeurs aux pièces l’ouvrage à raison d’un prix fixe par feuille. » (Bertrand-Quinquet, Traité de l’Imprimerie, p. 246.)
  2. Bertrand-Quinquet, dans son Traité de l’Imprimerie (an VII), donne des calculs tout faits relatifs à cet objet, mais il ne détaille point les prix qu’il indique et ne les attribue pas à un ouvrage déterminé dont on puisse aujourd’hui encore apprécier toutes les conditions d’exécution. M. Mellottée (Histoire économique de l’Imprimerie, t. I, p. 441) reproduit un certain nombre des indications de Luneau de Boisgermain et de Couret de Villeneuve auxquelles nous faisons allusion ci-dessous dans la note 3 ; mais dans ces calculs nous ne trouvons qu’une seule mention relative à la correction : « Voici le détail d’une évaluation d’une feuille d’impression d’après un manuscrit de 1771 :
    xxxx « Dépense pour une feuille de mémoire en caractères gros-romain, in-4o ; à tirer à 100 exemplaires, à 10 livres la feuille :
    Composition 
      
    3 l. 5 s.
    Lecture de première et seconde épreuve 
      
    0 l10 s.
    Correction de la seconde 
      
    0 l05 s.
    Etc. »

    Ces calculs ne donnent, pensons-nous, aucune idée de la rémunération effective accordée au correcteur : pour bien fixer l’esprit, il eût fallu connaître de manière exacte le nombre de mille lettres contenues en la feuille, afin d’apprécier la partie du salaire à attribuer à la lecture de premières, puis celle relative à la lecture de secondes, enfin dégager du chiffre de 10 sols indiqué ici la part de frais généraux qu’il doit nécessairement contenir.
    xxxx Les autres exemples reproduits par M. Mellottée ne comportent pas de mention détaillée relative à un tarif quelconque de correction de manière générale, sous l’ancien régime, comme d’ailleurs à notre époque, les dépenses inhérentes à ce travail intellectuel, de première importance pourtant, sont récupérées par le maître imprimeur sous le nom d’étoffes, au même titre que celles afférentes… au lavage des formes, à l’emballage et à l’expédition des colis. Une telle promiscuité !

  3. La Bibliothèque Nationale possède (Bib. Nat., ms fr. 22069, f° 292) un manuscrit du xviiie siècle de Luneau de Boisgermain, qui contient à ce sujet de précieux renseignements. — « Désigné par la Convention pour fixer les tarifs des impressions faites aux frais du Gouvernement, l’imprimeur Couret de Villeneuve a laissé un Barème typographique dont les renseignements sont fort précieux (Bibl, Nat., ms., nouv. acq. fr., 4664, f° 14). » M. Mellottée, qui donne quelques extraits de ce Barème, ne signale aucun chiffre relatif à la rémunération réelle accordée au correcteur pour la lecture des feuilles dont il rapporte les tarifs de composition au « mille de lettres » (m étant la lettre type, d’après L. Radiguer).