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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/514

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le motif du refus opposé aux maîtres. Les ouvriers, qui réclamaient la liberté « d’organiser leur travail à leur gré, opposèrent seulement que l’art d’impression exige que l’on commence « l’un quant l’autre » à travailler et que, « allans boire et manger hors la maison dudict maistre, l’un viendroit tost, et l’aultre tard, et si, leur seroit donné occasion d’eulx desbaucher, allans ainsi vivre par tavernes ».

Le sénéchal de Lyon accepta de trancher le différend : après avoir entendu les représentants des deux parties (cinq compagnons et dix maîtres), il rendit sa sentence le 31 juillet 1539 : les ouvriers obtenaient satisfaction en ce qui concernait les salaires : « Le salaire nourriture subsistait à côté du salaire argent ; le maître devait fournir aux compagnons, à chacun suivant son rang, « pain, vin et pitance, eu égard à ce qu’on leur fournissait auparavant, cinq ou six ans dernièrement passés » et « sans avoir égard aux usages qui ont été suivis depuis quatre ou cinq ans en ça ». Pour éviter de nouvelles difficultés, une sorte d’inspection fut instituée : « toutes les contestations relatives à la nourriture devaient être examinées par le Bureau de l’Aumône qui devait en référer à justice[1] ».

Cette sentence, qui contenait, en outre, nombre d’autres prescriptions constituant une sorte de code du travail dans l’imprimerie, fut approuvée le 21 août par le Pouvoir royal, qui en ordonna l’enregistrement pour lui donner toute sa valeur légale.

Édit de Villers-Cotterets du 31 août 1539. — Tout aussitôt, les maîtres imprimeurs parisiens, émus de quelques revendications ouvrières isolées, et alors que cependant tout le monde « besongnoit » encore, soumirent au roi un projet de réglementation inspiré des prescriptions du sénéchal de Lyon. Le 31 août 1539, par un édit daté de Villers-Cotterets, François Ier acceptait les demandes des maîtres. La question des salaires était l’objet de plusieurs articles :

« IX. Item que lesdits maistres fourniront auxdits compagnons les gages et sallaires pour chacun mois respectivement et les nourriront, et leur fourniront la depense de bouche raisonnablement et suffisamment selon leurs qualités en pain, vin et pitance, comme on a fait de coutume louable.

  1. P. Mellottée, Histoire économique de l’Imprimerie, t. I, p. 329.