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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/540

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aux Villes de France ou au Bon Marché ! La grande majorité des correcteurs en secondes touche de 6 à 7 francs par jour (dix heures de travail).

« Les correcteurs en premières gagnent par jour depuis 5 francs jusqu’à 6 francs et 6 fr. 50[1].

« Nous laissons en dehors de cette statistique les correcteurs de journaux, qui sont généralement payés par la rédaction, et dont le traitement, presque toujours mensuel, varie de 1.800 à 3.500 francs par an. »

L’esquisse que Boutmy, dans son Dictionnaire[2], tente de tracer de la situation d’un correcteur de son temps n’a plus dès lors rien qui doive surprendre : « Père d’une nombreuse famille, il se livrait à un travail surhumain. Pour se tenir éveillé, il prenait du café, auquel il mêlait de l’eau-de-vie. Celle-ci, finissant par former les deux tiers du breuvage, le tua. » Évidemment, notre correcteur eut bien quelque tort ; mais…

Chose surprenante, la situation des correcteurs ne devait point s’améliorer au cours des cinquante années qui nous séparent maintenant de l’époque à laquelle Bernier écrivit dans le Grand Dictionnaire les lignes que l’on vient de lire.

Le 7 mars 1912, le Journal officiel publiait un arrêté du Ministre des Finances portant réglementation du personnel des lecteurs d’épreuves et des viseurs de tierces employés à l’Imprimerie Nationale. Le paragraphe Salaires comportait les prescriptions suivantes :

Art. 6. L’échelle des salaires des lecteurs d’épreuves et viseurs de tierces comprend onze classes :

01re classe 
  
12 fr.  » par jour
02eclase 
  
11 fr. 50 clase
03eclase 
  
11 fr.  »classe
04eclase 
  
10 fr. 50 clase
05eclase 
  
10 fr.  »classe

  1. Le correcteur en premières reçoit un salaire moins élevé que le correcteur en secondes. Cette anomalie paraît exister depuis longues années. D’après Breton, « en général, la lecture en premières est confiée à des gens trop inhabiles. On rétribue moins un correcteur en première qu’un correcteur en seconde, et pourtant il est bien démontré que la seconde ne saurait être parfaite si la première a été négligée. » (Physiologie du Correcteur d’imprimerie, p. 11 ; Paris, 1843.)
  2. Dictionnaire de l’argot des typographes, p. 48.