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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/89

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LES CORRECTEURS EN PROVINCE
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lier chargé de reviser la correction de son travail, et il lui dédia ce quatrain flatteur :

En ton estat et en ta charge
Si tu as eu peine et affaire
Aussi ta patience large
S’y est monstree necessaire[1].

D’après le célèbre La Croix du Maine, Barthélémy Aneau, dont nous avons déjà à plusieurs reprises prononcé le nom, fut poète latin et français, auteur grec, historien, jurisconsulte, orateur. Né à Bourges au début du xvie siècle, Aneau devint, vers 1530, professeur de rhétorique au Collège de la Trinité à Lyon ; ses mérites lui firent, en 1542, obtenir la charge de « principal » de ce même établissement. En relations avec tous les lettrés qui vivaient alors à Lyon, surtout lié, semble-t-il, avec Clément Marot, Aneau, lui-même auteur de plusieurs ouvrages, fut, à l’exemple de ses amis, correcteur d’imprimerie : il travailla particulièrement pour Sébastien Gryphius, l’un des maîtres les plus réputés parmi ceux qui « œuvraient art d’imprimerie audict Lyon ». La carrière remarquable de ce correcteur devait avoir une fin lamentable : le 21 juin 1565, au cours d’une procession du Saint-Sacrement, le prêtre qui portait l’ostensoir fut atteint à la tête d’une pierre lancée par un inconnu. Barthélémy Aneau, suspect de protestantisme, fut accusé de cet acte et massacré par le peuple ameuté.

Guillaume Ramese[2], originaire de la ville épiscopale de Sées, devint successivement professeur et directeur du Collège Saint-Jean à Lyon. Cet érudit, qui en raison de sa situation devait jouer un rôle important dans la vie littéraire de sa cité d’adoption, accepta la revision et la correction de nombreux ouvrages classiques dont les éditions sont devenues fort rares à notre époque : il travailla pour Simon Vincent, libraire à Lyon, Pierre Maréchal et Barnabé Chaussard, imprimeurs et libraires, associés de 1492 à 1515, et, enfin, pour Louis Lanchart, libraire « en face l’enseigne À la Magdeleine[3] », puis sans doute près de Saint-Antoine[4], vers 1499 à 1515 environ.

  1. Bibliographie lyonnaise, 9e série, p. 30.
  2. Ibid., 2e série, p 147.
  3. Le Lapidaire en françoys…, vers 1515 : Commorantis ante intersignium Magdalene.
  4. Carmen Egregii Pylade Scolasticum…, sans date : … Commorantis prope divum Anthonium.