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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/131

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PRÉFACE.

tiens d’ailleurs renfermé, comme je crois qu’on doit commencer par le faire, dans l’Inde même, et je compare notre poëme aux autres productions brahmaniques jusqu’à présent connues. Or si l’on retranche du Bhâgavata des expressions et des figures qui attestent la décadence de la poésie indienne ; si on laisse de côté la théorie de la foi et de la dévotion, dont les développements exagérés appartiennent, comme je le disais tout à l’heure, aux sectes modernes, on trouvera que l’auteur de ce poëme n’a fait que mettre, sous une forme qui lui est toute personnelle, des croyances et des idées qui existaient certainement bien longtemps avant lui, et qu’il n’a eu d’ordinaire d’autre objet que de transporter, comme fa très-bien dit le savant M. Mill, dans ses vers plus polis et plus élaborés, les traditions que lui fournissaient les plus vieilles légendes purâniques ^^K Le sujet principal de son poëme ne lui appartient même pas plus que le reste ; car on sait, à n’en pas douter, que du temps de Çaâkara il existait déjà six divisions de la secte des Vâichnavas, que l’une de ces divisions, qui se composait des Bhâgavatas ou adorateurs de Bhagavat, avait adopté, comme livres fondamentaux, les Upanichads des Vêdas et la Bhagavadgîtâ du Mahâbhârata, et qu’elle se rapprochait beaucoup,

des Védas. Il se trouve en effet déjà dans le Mahâbhârata, poëme qui devait être très-répandu dans rinde deux ou trois siècles au moins avant notre ère. {Quart. Orient Magaz. t. III, p. i33.) Je ne citerai pour exemple que la description du culte que les habitants du Çvétadvipa rendent à Vichnu. (Mahdbhdraia, Çânti, cccxxxviii, tom. m, p. 81 4.) Les expressions de bhakta (dévot) et hhakti (dévotion) s*y rencontrent à chaque vers, ainsi que dans plusieurs autres des Itihâsas dont se compose cette curieuse portion du Mahâbhârata. Cest Tinfluence

de ce dogme facile de la dévotion, dogme que* je crois étranger au Buddhisme, qui a donné aux Purânas l’autorité dont ils jouissent depuis plusieurs siècles dans llnde. En plaçant la foi bien au-dessus des œuvres, ces livres ont presque supplanté auprès du peuple les Védas, dont ils respectent, nominalement du moins, le caractère sacré, mais dont ils ont dans le fait modifié sensiblement les doctrines. (Voy. Quart. Orient. Magaz. t. IV, p. 180.)

^ Intcr. on the Bhitiri Lit, dans Joam. of the Asiat. Soc. ofBengal, t. VI, p. 16.

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