Aller au contenu

Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
cxxxv
PRÉFACE.

la plus originale. C’est, sous une forme plus profonde et plus grande à la fois, la fable célèbre des Membres et de l’Estomac ; mais entre l’hymne du Brahmane et Tapologue de Ménénius Agrippa, il y a, quon me permette cette comparaison, la différence de l’Himâlaya aux Sept CoUinesl Le fragment qu on va lire se recommande encore par un mérite singulier, surtout pour une exposition aussi concise ; c’est la manière dont l’idée fondamentale du récit y est développée. Dans les autres versions que je connais de ce thème, les sens sont représentés se disputant la prééminence, et convenant que celui dont l’absence fera périr le corps sera proclamé le premier de tous ; et une fois que le départ du souffle de vie a jeté le corps à terre, et que la supériorité de l’élément vital a été avouée des autres sens, le récit s’arrête au dénoùment de ce drame psychologique. Le chantre de l’Aitarêya ne s’est pas contenté de ce développement, qui expose cependant l’idée tout entière : il a passé outre, et a voulu, en quelque sorte, donner par la voie inverse la preuve de ce qu’il avait établi par la voie directe ; en d’autres termes, il a montré les sens essayant en vain, chacun à son tour, de soulever et de ranimer le corps, qui ne se relève que quand le souffle de vie y egt rentré. C’est cette dernière partie du drame qu’a empruntée l’auteur du Bhâgavata Purâna, en l’appliquant à Virâdj, c’est-à-dire à la première forme individuelle que prend l’Esprit suprême, lorsqu après avoir rassemblé, pour en composer l’œuf du monde, les principes élémentaires produits par la Nature et auparavant isolés, il se prépare à l’œuVre de la création. 11 suffit de lire le passage du Bhâgavata auquel je fais allusion, pour se convaincre de la grande supériorité du récit védique sur celui du poëte moderne. Détachée de ce qui la précède dans TAitarêya, la seconde partie de ce morceau, telle.que l’a reproduite le Bhâgavata, est froide et sans