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PRÉFACE.

la faculté de saisir une multitude de rapports entre les objets en apparence les plus éloignés, faculté à laquelle une langue aussi abondante que flexible ne fournit que trop de moyens de s’exercer sans obstacles. Mon dessein n’est pas d’insister ici sur ce sujet, dont l’examen exigerait de grands développements et m’entraînerait trop loin de l’objet particulier de cette préface. J’ai voulu seulement indiquer en peu de mots an lecteur la principale cause de la confiision qui pourra le choquer dans un ouvrage pour l’appréciation duquel aucune littérature européenne n’offre, que je sache, de terme de comparaison.

Mais si le lecteur consent une fois à prendre son parti sur les défauts qne je viens de signaler ; s’il ne s’arrête pas aux répétitions d’idées qui, dans la pensée du poète, ont eu pour but de rappder constamment à l’esprit l’objet principal de son ouvrage, le culte de Bhagavat ; s’d prend à part chacun des ^épisodes, et les considère comme des tableaux isolés, je ne crains pas de dire qu’il sera souvent récompensé de sa peine et de sa patience. Envisagé ^ en effet, dans les parties qui le composent, le Bhâgavata se présente sous un jour beaucoup plus favorable. Autant cet ouvrage est imparfait sous le rapport de l’ordre, autant il est curieux du moment qu’on n’y voit plus qu’une collection d’hymnes, de fragments philosophiques et de légendes. Les hymnes, qu’annonce d’ordinaire un changement soudain de mètre et de langage, rompent sans doute le fil du récit ; ils suspendent la marche de. l’action et jettent presque toujours subitement le lecteur dans un ordre d’idées tout à fait nouveau et souvent très-éloigné de celui dont (m l’arrache sans préparation ; mais il faut y admirer une âévation et une chaleur, une richesse et une va- » rîété qu’on ne trouve peut-éftre pas à un plus. haut degré dans ies : plus belles p^ducttons de la httérature indienne. Cette partie


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