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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/259

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maintenant venue, où Bhagavat veut abandonner ce corps mortel qui sert à ses jeux,

9. Lui à qui nous devons tout, le bonheur, la royauté, la vie, nos femmes, nos familles, nos enfants ; lui dont la bienveillance nous a donné la victoire sur notre adversaire et assuré la possession des mondes [célestes] ?

10. Vois, ô le plus courageux des hommes, dans le ciel, sur la terre et jusque dans les mouvements de mon corps, ces présages, terribles avant-coureurs d’un danger prochain, dont la menace trouble mon intelligence.

11. Les tremblements répétés qui agitent mes yeux, mes bras, mes cuisses, et les battements de mon cœur m’annoncent des malheurs qui ne sont pas loin.

12. Vois le chacal, la gueule enflammée, hurler au lever du soleil ; vois le chien, ô Bhîma, comme s’il avait perdu toute crainte, me menacer de ses aboiements.

13. Les animaux respectés pour leur sainteté tournent autour de moi en me laissant à leur gauche, tandis que des quadrupèdes de mauvais augure me montrent leur droite ; je vois, ô le plus courageux des hommes, les chevaux verser des larmes à mon approche.

14. Ce pigeon est un messager de mort ; la chouette dont le cri trouble l’âme, et l’oiseau son rival (le corbeau), sans cesse éveillés, veulent par leurs cris aigus rendre le monde désert.

15. L’horizon nous entoure d’un cercle rougeâtre ; la terre tremble avec les montagnes ; le tonnerre s’est fait entendre, et la foudre est tombée par un ciel sans nuage.

16. Le vent, dont l’atteinte est brûlante, soulevant la poussière, répand partout les ténèbres ; les nuages laissent tomber de toutes parts une horrible pluie de sang.

17. Vois le soleil privé de son éclat, la lutte des astres dans le firmament, le ciel et la terre comme éclairés par des troupes de Bhûtas mêlés aux êtres vivants.

18. Les fleuves, les rivières, les lacs et les âmes des hommes