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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/276

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19. Quelques-uns, embrassant la doctrine du doute disent que le souverain maître de l’âme, c’est l’âme elle-même ; d’autres prétendent que c’est le destin, ceux-ci que c’est l’action, ceux-là que c’est la disposition naturelle.

20. C’est l’Être qui échappe à la pensée et à la parole, disent même quelques autres, qui croient fermement à cette vérité ; aussi, toi qui es un Rǐchi parmi les rois, réfléchis maintenant en toi-même conformément à ce principe.

SÛTA dit :

21. Après que Dharma eut ainsi parlé, le monarque, ô Brahmane, se recueillant en lui-même, sentit son trouble disparaître, et répondit en ces termes :

22. Tu parles bien, ô toi qui connais la loi ; tu es Dharma, la Justice elle-même, sous la forme d’un bœuf. En effet, le lieu destiné à l’injustice est réservé aussi à celui qui dénonce le coupable.

23. Ou bien, serait-ce [que tu confirmes par ton exemple] cette vérité, que la Mâyâ dont l’Être divin s’enveloppe, dérobe à la pensée et au langage des mortels les voies de sa justice ?

24. La Pénitence, la Pureté, la Compassion, la Vérité, voilà les noms des quatre pieds qui te soutenaient, ô Dharma ! trois ont été brisés par les trois portions d’Adharma (l’Injustice), qui sont l’Orgueil, la Luxure et l’Ivresse.

25. Et maintenant que tu te soutiens encore sur le seul pied qui te reste, la Vérité, voici qu’Adharma, l’Injustice elle-même, appuyée par le Mensonge, vient, sous la forme de Kali, pour te l’arracher ?

26. Et la Terre, cette mère vertueuse, délivrée par Bhagavat du pesant fardeau qui l’accablait, et recevant de ses beaux pieds l’impression du plaisir,

27. Maintenant qu’elle est abandonnée de lui, malheureuse et la face baignée de larmes, se lamente en disant : Des ennemis des Brâhmanes, de faux rois, des Çûdras, enfin, vont me posséder !

28. Ayant ainsi consolé le Dieu de la justice et la Terre, le prince