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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/375

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CHAPITRE VII.

QUESTIONS DE VIDURA.


1. Çuka dit : Après que Mâitrêya eut ainsi parlé, le sage, fils de Dvâipâyana, Vidura, lui adressa la parole en ces termes, le charmant en quelque sorte par son éloquence.

2. Vidura dit : Comment les qualités et les actions peuvent-elles s’unir, ne fût-ce qu’en se jouant, à Bhagavat qui est tout esprit et qui est aussi inaccessible au changement qu’aux qualités ?

3. Pour un enfant, le plaisir est la cause des efforts qu’il fait pour jouer ; le désir de jouer lui vient du dehors : mais pour l’Être qui trouve en lui-même la satisfaction de ses désirs, pour celui qui est perpétuellement affranchi du contact de tout autre être, comment [ces deux motifs pourraient-ils exister] ?

4. Bhagavat, [dis-tu,] a créé l’univers à l’aide de sa Mâyâ qui est douée de qualités ; c’est par elle qu’il le conserve, et par elle encore qu’il le fera rentrer dans son sein.

5. Celui qui est en soi une intelligence sur laquelle n’ont d’empire ni le lieu, ni le temps, ni l’état, ni elle-même, ni rien d’étranger, comment s’unirait-il à l’ignorance ?

6. C’est Bhagavat, l’Être unique, qui réside, [dis-tu,] dans toutes les âmes : d’où viennent donc la misère et la douleur auxquelles les œuvres le condamnent [au sein de l’âme humaine] ?

7. L’ignorance de tout cela est, ô sage Brâhmane, une difficulté qui déchire mon cœur ; consens donc à dissiper, seigneur, le trouble profond où est plongé mon esprit.

8. Çuka dit : Ainsi excité par le guerrier qui désirait connaître la vérité, le solitaire, l’esprit fixé sur Bhagavat, lui répondit avec l’apparence d’un étonnement qu’il n’éprouvait réellement pas.