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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/42

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chaṇa, qu’un titre désignant ses fonctions et sa caste ; son nom véritable est Ugraçravas, de même que celui de son père est Rômaharchaṇa.

Il résulte de ces observations que la formule सूत उवाच, qui revient si souvent dans le dialogue du Bhâgavata, devrait se traduire ainsi : « le Sûta dit, » ou mieux encore « le Barde a dit. » Mais ce titre de Sûta, qu’on donne au narrateur des Purâṇas, est devenu en quelque façon un nom propre, comme le titre de Vyâsa, « le compilateur, » ou de Vêdavyâsa, « le compilateur des Vêdas, » est devenu celui du sage dont le vrai nom est Krĭchṇa Dvâipâyana, « Krĭchṇa né dans une île. » Le temps a fait prédominer le titre sur le nom propre ; celui-ci a peu à peu reculé sur le second plan pour céder sa place à l’autre, et Rômaharchaṇa, comme Ugraçravas, a disparu derrière le Sûta ou le Barde, comme avait fait Krĭchṇa derrière le Vyâsa ou le compilateur.

Voilà pourquoi j’ai traduit la formule que je rappelais tout à l’heure par « Sûta dit ; » je l’ai fait parce que j’avais déjà traduit cette autre formule, व्यास उवाच, par « Vyâsâ dit. » Mais il n’en devient que plus nécessaire de rappeler que Sûta n’est réellement pas plus un nom propre que Vyâsa. Plus tard peut-être, quand la littérature indienne sera mieux connue, il faudra mettre d’accord l’expression avec le fait, et on pourra inscrire en tête des Purâṇas le titre de : Légendes recueillies par les bardes indiens ; comme en tête des Vêdas : Hymnes et prières recueillies par Krĭchṇa le compilateur. Mais aujourd’hui l’espèce d’inexactitude que commet un traducteur européen en conservant les titres de Vyâsa et de Sûta, comme s’ils étaient des noms propres, trouve son excuse dans le soin qu’il doit prendre de respecter les habitudes des Hindous, pour lesquels ces titres appellatifs sont devenus des êtres réels. Cette inexactitude d’ailleurs n’en est plus une dès