Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/423

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d’êtres parvenus ici par un entier dévouement à Bhagavat, et habitant ce séjour en suivant sa loi ? Ou bien, quand Purucha qui est si calme, ne connaît pas d’ennemis, comment pouvez-vous soupçonner qu’il puisse se présenter ici des misérables comme vous ?

33. Quand les sages ne voient en Bhagavat que Bhagavat lui-même au sein duquel est l’univers, et qui réside en ce lieu ; et quand ils voient leur propre âme dans l’âme [universelle], comme l’air est dans le ciel, quelle est donc la cause qui vous ferait supposer, à vous qui n’avez des Suras que le vêtement, un danger de rupture ou de guerre pour Bhagavat ?

34. Aussi pensons-nous, après cette injure, au moyen de vous traiter le plus favorablement qu’il est possible, vous les serviteurs insensés de cet Être supérieur, le souverain du Vâikuṇṭha ; quittez ce séjour, vous qui croyez à l’existence d’une distinction, pour aller dans des corps où résident les trois ennemis du pécheur.

35. À peine eurent-ils compris les paroles terribles des solitaires, cette malédiction du Brâhmane que des milliers de flèches ne peuvent arrêter, que les deux serviteurs de Hari coururent, dans l’excès de leur trouble, se précipiter aux pieds du Dieu qui éprouvait pour eux une grande crainte.

36. Qu’il s’accomplisse sur nous, [s’écrièrent-ils,] le châtiment que vous nous avez infligé pour notre faute ! Puisse-t-il enlever jusqu’à la dernière trace du mépris que nous avons témoigné aux Suras ! Puisse le moindre témoignage de votre pitié nous sauver du trouble qui détruit le souvenir de Hari, au moment où nous allons descendre dans une existence inférieure !

37. Bhagavat, dont le nombril a produit un lotus, et qui est cher aux hommes respectables, ayant ainsi appris l’injure que ses serviteurs avaient faite aux sages, partit aussitôt, accompagné de Çrî, pour chercher les grands solitaires, ces dévots parfaits, laissant voir ses pieds si dignes d’être recherchés.

38. Dès qu’il fut arrivé, les solitaires virent au milieu de ses insignes que portaient ses serviteurs, le Dieu qui est la forme visible de la récompense promise à la contemplation dont il est l’objet,