Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/505

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tions qu’il a faites dans de nombreuses naissances, livré à un désespoir qui n’a pas de terme, comment pourrait-il trouver le bonheur ?

10. À partir du septième mois, agité, malgré l’intelligence qu’il vient d’acquérir, par les souffles qui serviront à l’accouchement, il ne reste pas plus en repos que les vers dont il est le frère.

11. Effrayé alors, l’esprit inspiré, qui se voit enchaîné par sept liens, doit, suppliant et respectueux, chanter d’une voix émue celui par lequel il a été envoyé dans le corps.

12. L’âme individuelle dit : Je me réfugie comme dans un asile inaccessible à la crainte, auprès du lotus des pieds dont la trace a été laissée sur la terre par ce Dieu qui, désireux de sauver le monde incliné devant lui, a pris diverses formes, et qui m’a montré la route qui convient à un être qui n’existe pas plus réellement que moi.

13. Celui qui, enveloppé de ses œuvres [antérieures] comme par une chaîne, réside en ce corps, uni à cette forme illusoire que composent les éléments, les sens et le cœur, cet Être [qui n’est autre que moi,] je l’adore, lui qui, pur, immuable et incessamment intelligent, se laisse voir en mon cœur livré au repentir.

14. Moi qui ne suis caché qu’en apparence dans ce corps, produit des cinq éléments, dont je suis distinct, moi qui ne suis pas davantage dans les sens, les qualités, les objets et l’intelligence dont je parais formé, je m’incline devant cet Être à la grandeur duquel ce corps n’enlève rien, devant cet Être souverainement savant, supérieur à la Nature comme à Purucha, et qui est l’Esprit.

15. Par quelle autre raison que la bienveillance de cet Être tout puissant, l’âme, dépouillée de sa mémoire par la Mâyâ dont il dispose, irait-elle rentrer de nouveau dans ce corps pour marcher avec d’excessives fatigues sur le chemin du monde, où les œuvres, ces fruits si nombreux des qualités, sont des liens perpétuels ?

16. Qui a déposé en moi cette connaissance des trois parties de la durée ? Qui, si ce n’est cet Être divin ? Pour nous qui suivons la voie des œuvres qui est [la condition de] l’âme individuelle, adorons, pour calmer les trois espèces de douleurs, cet Être dont une portion réside au sein du monde mobile et immobile.