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Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/82

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PRÉFACE.

c’est pour obtenir le ciel qu’un auteur a fabriqué le Bhâgavata, en y mettant le nom de Vyâsa ; pourquoi cela ne serait-il pas ? ]Nous répon<lrons qu’il n’en peut être ainsi ; car la stance de l’auteur de la maxime précitée, en disant que la gloire^ nous fait obtenir le ciel, entend parler d’une gloire répandue dans le monde ; or la gloire qui résulte de l’inscription [sur un livre] du nom de Vyâsa, revient à Vyâsa seul, et non à l’auteur dû livre.

Mais admettons que le Bhâgavata ne soit pas un livre inspiré ; nous dirons à notre tour : Ce livre établit-il une doctritie contraire ou conforme au Véda ? Si. l’on adopte la première supposition, le Bhâgavata n’aura plus d’autorité, quand même on devrait le regarder conune un livre inspiré ; il en sera de cet ouvrage comme du livre fondamental des Tchârvâkas, qui a été composé par Vrïhaspati (M, [un des sages inspirés.] Si l’on adopte la seconde supposition, le Bhâgavata sera toujours un Uvre tirant son autorité, comme les Smrïtis, du Vêda qui en est la base, quand même il. serait reconnu que ce n’est pas un livre inspiré. En effet, l’autorité des Smrïtis vient de ce qu’ils reposent sur le Vêda, et non de ce qu’ils ont été composés par des sages inspirés ; si on l’entendait autrement, le livre profane [des Tchârvâkas, qui est de Vrïhaspati, ] aurait aussi de l’autorité ; cependant il a été démontré en détail dans le Pârâçara Upapurâna et dans d’autres livres, que cet ouvrage de Vrïhaspati n’en a aucune. C’est de cette manière que. l’on admet l’autorité de traités comme le Kâlanirnaya et d’autres qui sont dus à des Maîtres tels que Mâdhava et Râman tchandra[1] ; et le Traité de médecine même qui a été abrégé par Vâgbhatta

1. Vrïhaspati, le fondateur de l’école des Athées, attaque les Vêdî^s et les Brahmanes, et soutient que la totaiité du système brahmanique est une invention de la caste sacerdotale qui a voulu établir ainsi sa suprématie sur les autres castes. M. Wilson, dans son Mémoire sur tes sectes religieuses, rap. porte des vers curieux extraits d’un ouvrage qui lui est attribué. [As, Res. t. XVI, p. 5, note, et p. 18.) Nous en avons donné un ci-dessus, qui s’adresse aux auteurs des Vêdas. Colebrooke cite des Vârhaspatyasûtras, qui font autorité pour la secte des Tchârvâkas. (MiscelL Essays, t. I, p. do4 sqq.)

2. L’ouvrage que désigne notre auteur sous le titre de Kàlanirnaya ( la Détermination des époques), est certainement celui que M. Wilson, dans son Catalogue de la collection Mackenzie (t. I, p. 29), nomme Kâlatnâdhava, et qu’il attribue au célèbre Mâdhava Âtchârya. Cet ouvrage détermine les diverses époques auxquelles doivent avoir lieu les cérémonies et pratiques imposées aux Hindous par leur loi religieuse et civile. Quant à Ràmatchandra, ce doit être l’auteur que M. Wilson (ibid. p. 28) nomm£ Ràmatchandra Bhaita, et auquel il attribue un traité du même genre que le

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