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PRÉFACE.

Dévîbhâgavata, certain personnage qui se croyait un savant, infatué des opinions des Vâichnavas, se présenta dans cette réunion et parla ainsi : « Cest un livre déparé par une multitude de fautes que le Dévîbhâgavata, « un. livre non inspiré et indigne d’être lu par des Maîtres. » Ayant entendu ces paroles, Çamkara, le Maître fortuné, dont les yeux, brillants de lueurs diverses, resplendissaient d’un feu semblable à celui que répand le charbon du Khadira ( la Mimosa catecha), et jetant des flammes sans fîimée, comme s’il était agité par le vent qui souflle au temps de la destruction des mondes, s’écria ainsi, après un moment de réflexion ; « Ahl voyez donc l’esprit de « ce [misérable] Vâidêha (^), qui se croit un savant, de cet honune infatué « des opinions des Vâichnavas, qui a l’audace d’attaquer la. Çakti [de Çiva] I « le voilà qui vient attaquer le Purâna de la génératrice de l’univers, de la « fortunée Mahâbhattârikâ (la déesse très-vénérable), de l’épouse de Mahèçvara. C’est sans doute un lépreux, et il perdra le nez. » Le roi nonuné Sudhanvan, souverain du pays de Kêrala, n’eut pas plutôt appris les paroles véridiques sorties de la bouche du Maître, qu’au bout de quelques jours il fit, pour un certain motif, couper entièrement le nez, depuis la racine jusqu’à l’extrémité, à cet homme qui était infatué des opinions des Vâichnavas (^). Mais revenons à notre sujet.

On ajoute encore : « Dans une énumération des ouvrages composés par « Vôpadêva que donne le Bhâgavata, on cite [seulement] trois ouvrages, « savoir, le commentaire ayant pour titre Paramahams’apriya, le livre nonmié « Muktâphala, et celui qui a pour titre Harililâ. Or si le Bhâgavata était aussi « l’ouvrage de ce savant, alors il eût fallu parler de quatre livres ; comment « donc a-t-on pu ne parler que de trois ? De plus, nous ne voyons ici, [quant à « la question d’auteur, ] matière à aucune difficulté, car le nom de Vyâsa se

^ Le mot vâidéha est le nom de la classe mêlée qui est issue de ralliance d’une Brâhmani avec un homme de la caste des Vàiçyas. Le Vâidéha est le serviteur des femmes. (Mannsafhhiiâ, 1. X, st. ii et ^7 ; Colebrooke, Miscell. Essays, t. II, p. i83.]

^ Il n’est pas certain que le récit de notre auteur soit plus fondé en fait que celui du traité auquel il répond ; mais ce récit n’en rappelle pas moins des noms historiques, sur lesquels il est à regretter que nous ne

possédions pas des renseignements plus nombreux. M. Wilson parle, à l’occasion de l’histoire de Çamkara, du roi Sudhanvan, qu’il, donne comme contemporain de Kumârila Bhatta, lequel est » selon les uns, antérieur de cent ans à Çamkara, selon d’autres, son contemporain. (Sarucr. Dict, préf. p. XYUi ; Colebrooke, MiscelL Essays, 1. 1, p. 299.) J’ai, dans les notes précédentes, constaté l’existence de deux des Âtchâryas cités ici, non compris Çamkara.